L'Inde, c'est un fait, offre une foule de débouchés pour le Canada : vaste marché pour les exportations et les investissements, destination rentable pour l'externalisation, investisseur au Canada et partenaire de projets dans le Tiers-Monde.

Les occasions sont là et les relations entre les gouvernements n'ont jamais été aussi bonnes. Sous l'impulsion de l'« Année de l'Inde au Canada » célébrée en 2011, notre pays est de toute évidence prêt à traiter davantage avec l'Inde. Pour réussir, il doit impérativement augmenter la présence des entreprises canadiennes en Inde.

Le cinquième Telfer India Forum annuel, qui a eu lieu le 8 mars 2012 à l'École de gestion Telfer, portait sur les perspectives et les défis pour quiconque veut établir une présence en Inde. L'événement a attiré plus d'une centaine de représentants du monde des affaires, du gouvernement et du milieu universitaire, qui ont également eu l'occasion de mieux comprendre le contexte actuel des investissements en Inde et les grands changements qui s'opèrent dans les échanges commerciaux entre l'Inde et le Canada. Le Telfer India Forum de cette année, qui était organisé en collaboration avec l'Indo Canadian Ottawa Business Chamber (ICOBC) et le ministère du Développement économique et de l'Innovation de l'Ontario, comptait six commanditaires et deux partenaires de marketing.

L'événement a comporté notamment des présentations et des discussions avec Mme Narinder Chauhan, haut-commissaire adjointe de l'Inde, et MM. Peter Hall, économiste en chef d'Exportation et développement Canada, Don Stephenson, négociateur en chef du Canada pour le projet d'accord de partenariat économique global entre le Canada et l'Inde, et Rana Sarkar, président du Conseil de commerce Canada-Inde.

Le Telfer India Forum a permis de souligner que l'établissement d'une présence permanente sur le marché indien exigeait un engagement marqué de la part des entreprises canadiennes. Cet engagement passe aussi par une analyse et un calibrage poussés de façon à prendre les bonnes décisions sur différentes questions avant et après l'investissement initial. 

Les chefs d'entreprise canadiens qui étaient présents cette année ont pu se faire une meilleure idée de ce que l'établissement d'une présence en Inde représente en matière de défis et de récompenses. Parmi les sujets abordés, mentionnons notamment les différentes façons de pénétrer le marché, les facteurs culturels dont il faut tenir compte lorsqu'on s'implante sur le marché ainsi que les risques inhérents à l'établissement d'une présence et la façon de les atténuer. Les tables rondes et les ateliers ont réuni des experts chevronnés, dont des dirigeants d'entreprises comme Toon Boom et Dragonwave, qui ont su relever avec succès les défis que pose l'établissement sur le marché, et des représentants d'organisations intermédiaires spécialisées dans le marketing, le droit, la fiscalité et les assurances.

Une foule de possibilités d'investissements s'offre au Canada dans les secteurs comme les technologies de l'information et la communication, les télécommunications, les infrastructures et l'automobile, pour ne mentionner que ceux-là. À mesure que l'économie poursuit sa transition vers les services, les entreprises canadiennes doivent s'implanter sur le marché afin de profiter de la croissance et de se mesurer efficacement à la concurrence pour saisir les occasions nouvelles et changeantes. Comme on l'a fait remarquer lors du Forum, les investissements directs étrangers en Inde en termes de pourcentage du PIB se comparent à présent à ceux qui sont faits en Chine. Les entreprises canadiennes doivent, de toute évidence, suivre le rythme et s'engager davantage pour être en mesure de réussir.

Pendant les discussions à la tribune et en table ronde, les participants ont entre autres parlé et débattu de la façon d'établir des relations efficaces en Inde, de composer avec le niveau et la fiabilité des infrastructures, de choisir le bon endroit sur le marché indien diversifié et des options de financement offertes sur place aux entreprises canadiennes et à leurs filiales indiennes.

Les panélistes ont aussi discuté de la façon de positionner leurs entreprises sur le marché indien et des avantages de les présenter comme des sociétés indiennes ou canadiennes ou une combinaison des deux. Il a aussi été question des aspects fiscaux et juridiques à prendre en considération lorsqu'on veut établir une présence, et des avantages et inconvénients des différentes méthodes d'entrée. Les facteurs culturels ont également tenu une grande place dans les discussions, tout comme l'importance pour les chefs d'entreprise canadiens de s'intéresser et de se sensibiliser aux caractéristiques culturelles indiennes, notamment la spiritualité des Indiens, et de prendre le temps d'établir des relations avec eux, d'avoir leur confiance et de susciter leur fierté. Les participants ont également parlé des façons d'atténuer certains des risques que présente le marché, par exemple en ce qui concerne le crédit, les infrastructures et la propriété intellectuelle.   L'événement a également permis de mettre en évidence le rôle que peuvent jouer les organisations gouvernementales et le secteur privé pour traiter ces questions. En fait, les participants ont jugé primordial d'avoir un réseau de conseillers et de partenaires pour connaître le marché, planifier une stratégie d'investissement et négocier et mettre en oeuvre des contrats.

Le contexte entourant les négociations de l'accord de partenariat économique global (APEG) a aussi été présenté pendant le Forum. Entamées en novembre 2010, les négociations de l'APEG s'appuyaient sur une étude conjointe qui a conclu que le libre-échange avec l'Inde pourrait rapporter entre 6 et 15 milliards de dollars à l'économie du Canada, augmenter de 50 % les échanges bilatéraux avec l'Inde et avoir des retombées directes sur de nombreux secteurs canadiens. Pendant les discussions, on a fait remarquer que le gouvernement canadien accorde une très grande priorité au projet d'entente. En outre, les deux parties ont déjà eu quatre séries de discussions et une autre est prévue en avril de cette année. Le Canada a déclaré publiquement qu'il cherchait à conclure l'APEG en 2013.

Même si les perspectives de resserrer les liens sont plus encourageantes, les entreprises canadiennes qui s'intéressent à l'Inde vont devoir redoubler d'efforts et d'ingéniosité pour soutenir la concurrence féroce des sociétés internationales et locales. Les chefs d'entreprise canadiens doivent s'engager davantage avec le marché, avoir un programme plus flexible et chercher à établir des relations et une confiance durables. Il faut aussi qu'ils soient mieux informés et comprennent vraiment qu'une présence constante sur le marché est essentielle. En outre, ils doivent être préparés à négocier dur en réaction aux agissements parfois agressifs de leurs homologues et concurrents indiens.

L'École de gestion Telfer poursuivra sa démarche de soutien aux entreprises canadiennes pour ce marché stratégique et continuera à les aider à établir une présence dans ce marché dynamique.  Outre son programme de recrutement permanent en Inde, l'École de gestion Telfer prend diverses mesures pour positionner l'institution et les chefs d'entreprise canadiens sur le marché indien.  Comme l'a fait remarquer François Julien, doyen de l'École de gestion Telfer, ces démarches consistent notamment à intégrer du « contenu indien » dans ses programmes, entre autres un nouveau cours de premier cycle sur les affaires en Inde, la participation au Conseil de commerce Canada – Inde, le lancement d'un programme en ligne pour dirigeants sur « les affaires en Inde », la tenue permanente du Telfer India Forum et le développement de relations importantes avec des instituts de gestion partenaires en Inde. Toutes ces initiatives visent à préparer l'École de gestion Telfer et les entreprises canadiennes à collaborer davantage avec l'Inde à l'avenir.

Marvin Hough est PDG en résidence à l'École de gestion Telfer et directeur du Conseil de commerce Canada-Inde.  Il a passé quatre ans en Inde en qualité de délégué commercial du Canada et de nombreuses années avec Exportation et développement Canada où il s'occupait du marché indien. Il dirige l'organisation du Telfer India Forum annuel, donne un cours de premier cycle sur les affaires en Inde et a mis au point le programme de formation pour dirigeants Telfer Focus India (www.telfer.uOttawa.ca/executiveprograms).

Photo (de g à d) : Pradeep Merchant, Mme Narinder Chauhan et Marvin Hough